Les membres de la Task force inter-agence plaident pour une structure multisectorielle renforcée capable de s’attaquer aux maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque en RDC.

Les membres de la Task force inter-agence plaident pour une structure multisectorielle renforcée capable de s’attaquer aux maladies non transmissibles et leurs facteurs de risque en RDC.

17 juillet 2015 | Kinshasa. Un plaidoyer renforcé pour faire figurer les maladies chroniques (cancer, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires chroniques, diabète etc.) sur l’agenda des grandes priorités gouvernementales en République Démocratique du Congo (RDC) était au cœur de la visite de la mission conjointe de la Task Force  Inter-Agence des Nations Unies sur la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles (MNT) du 13 au 17 juillet 2015 à Kinshasa.

Le but principal était d’initier une approche cohérente et coordonnée en vue de l’élaboration d’un Plan d'action national multisectoriel de lutte contre les MNT, en fixant des objectifs nationaux réalistes et les interventions prioritaires à mener entre 2015 et 2025 visant la réduction de la mortalité prématurée associée aux MNT.

Conduite par une équipe d’experts de l'OMS, du PNUD, de l'UNICEF, de la Banque Mondiale, du Programme Alimentaire Mondial et de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC), la mission a rencontré tour à tour le Président de l'Assemblée Nationale, les Ministres des Affaires sociales, du Plan et de la Révolution de la Modernité, le Vice-ministre des Finances, le Secrétaire général à la Santé Publique, les Chefs d’Agence (PNUD, PAM, OMS, UNFPA), le Directeur du Programme national de lutte contre les toxicomanies et les substances toxiques (PNLCT) ainsi que les membres de la société civile, notamment ceux de l’Alliance congolaise contre le tabagisme (ACCT) etc. . 

"Après le Kenya, la RDC est le deuxième pays que nous visitons au niveau de la Région africaine pour renforcer notre plaidoyer afin que les maladies chroniques soient considérées désormais comme une grande priorité par les plus hautes autorités du pays", a indiqué le Dr Steven Velabo Shongwe, Conseiller régional de l’OMS pour l’Afrique en charge des MNT, également chef de la délégation conjointe lors d’une audience avec le Président de l’Assemblée Nationale de la RDC, M. Aubin Minaku.  "L’engagement à un haut niveau et le travail en synergie impliquant tous les acteurs, dans le cadre d’une approche multisectorielle, ainsi que la sensibilisation de l’ensemble de la population face aux facteurs de risque comportementaux causant la plupart des MNT seront un signal fort que la RDC pourrait donner pour réduire la charge de la morbidité due à l’épidémie desdites maladies", a ajouté le Dr Shongwe.

Il a également plaidé pour "l’appui et l’implication personnelle du Président de l’Assemblée nationale en vue de la mise sur pied d’une structure efficace de riposte multisectorielle contre les MNT, incluant plusieurs secteurs et acteurs sur le modèle du Plan national multisectoriel de lutte contre le VIH/Sida (PNMLS)."

Les autres points clés abordés lors de cette rencontre ont porté notamment sur : i) le renforcement d’une législation contraignante en rapport avec la consommation du Tabac (par exemple en adoptant des mesures strictes interdisant de fumer les cigarettes dans les lieux publics et en procédant à une augmentation graduelle des taxes sur les produits de Tabac ; ii) l’accroissement significatif de l’allocation budgétaire en faveur de la prévention contre les MNT. 

Le Président de l’Assemblée Nationale a pour sa part assuré les membres de ce Groupe spécial des Nations unies de son « implication personnelle pour le suivi à faire sur toutes ces questions cruciales liées aux MNT », en chargeant du coup le deuxième Vice-président de la Commission Socio-culturelle de la Chambre basse du Parlement, le Dr Pierre César Endumbandumba « à remettre sur la table le projet de loi anti-tabac » dont le draft avait été développé depuis 2006, mais qui fait face à une forte résistance à cause des interférences de l’industrie du tabac. Il lui également demandé de préparer une question écrite à adresser au Gouvernement sur la possibilité d’accroitre le budget alloué à la lutte contre les MNT. Dès qu’il sera prêt, le texte de cette question écrite sera remis au Président de l’Assemblée nationale, qui le notifiera au Gouvernement le moment venu.

Pour pousser à l'obtention des résultats concrets, la Task-force a recommandé une collaboration efficace et étroite entre les Ministères des Finances et de la Santé Publique sur les mesures fiscales vigoureuses liées à la taxation du tabac et de l’alcool, afin que les revenus supplémentaires générés puissent soutenir la lutte contre les MNT. "Si nous n’examinons pas toutes ces questions aujourd’hui avec une attention particulière, il est clair que le pays aura à dépenser énormément  de l’argent en termes des millions dans le futur pour gérer les conséquences sanitaires provoquées par les MNT, dont les facteurs de risque sont bien connus de tous maintenant", a souligné pour sa part le Dr Benjamin Ofosu Koranteng du Bureau régional du PNUD basé à Addis-Abeba, également membre de la Task force inter agence.

Près de 25% des congolais sont à risque pour développer les MNT

Les maladies non transmissibles sont aujourd’hui la première cause de décès dans le monde, y compris en RDC. Selon les statistiques officielles au niveau national, il est indiqué que la probabilité de mourir d’une MNT en RDC est de près de 25% (une personne sur 4). Le taux de mortalité dû aux principales MNT a considérablement augmenté en RDC au cours de la dernière décennie  - de 2000 à 2012, allant de 50,000 à presque 80,000 décès parmi les hommes (une augmentation de 60%) et d’environ 48,000 à 75,000 décès parmi les femmes (une augmentation de 56%).

Après 5 jours des réunions marathons avec les différentes parties prenantes à Kinshasa, la mission conjointe de la Task force inter-agence est parvenue, sur la base de l’analyse des données disponibles, aux résultats qui se résument entre autres, de la manière suivante:

  • Absence d’un Plan national multisectoriel de riposte contre les MNT pour le pays. Un projet est en cours de l’élaboration mais devrait être finalisé et adopté par le Gouvernement très prochainement;
  • Nécessité de mettre les MNT au rang des priorités, en les incluant dans le prochain Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) 2016-2020 de la RDC ;
  • Besoin urgent de renforcer la coordination entre les secteurs couvrant les activités liées à la lutte contre les MNT ;

Il est essentiel de souligner que la collecte des données reste encore clairsemée et de faible qualité en ce qui concerne les MNT. Pour illustrer cela, il y a lieu de noter que la dernière enquête STEPwise  réalisée dans le pays remonte à l’année 2005 et ne couvrait que la Ville-province de Kinshasa. En outre, il a été trouvé que la lutte contre les MNT n’est pas mentionnée dans le Plan cadre des Nations unies pour l’assistance au développement (UNDAF) et dans les Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) de la RDC. 

Revenant sur les facteurs de risque comportementaux (tabagisme, sédentarité, mauvaise alimentation et usage nocif de l’alcool) à l’origine de la plupart des MNT, le Dr Shongwe et son équipe ont appelé à des efforts accrus axés sur la prévention afin de contrôler et de réduire l'impact socio-économique de ces maladies sur les personnes les plus exposées.

"Les plans de riposte existent, mais c’est leur mise en œuvre qui pose problème faute de financement", a indiqué pour sa part le Dr Mukengeshayi  Kupa lors de la clôture des travaux vendredi 17 juillet 2015. Selon lui, "la mise en œuvre de ces plans de riposte n'est autre chose que le déploiement significatif des ressources adéquates pour s'attaquer réellement à ces maladies chroniques".

NOTE POUR LES REDACTIONS.

La task-force venue en RDC a rassemblé un vaste éventail d’experts des Agences des Nations unies, spécialistes des MNT. Elle était composée de Dr Steven Velabo Shongwe, Conseiller régional de l’OMS en charge des MNT, Dr Chandralall Sookram (Administrateur technique, MNT au Bureau régional), Dr Andrea Bruni (Administrateur technique en charge de l’Usage nocif d’alcool et d’autres substances), Dr Noureiny Tcha-Kondor (Bureau régional AFRO), Mme Anne Marie Perucic (Spécialiste en économie de la santé à l’OMS, Siège), Dr Patrick Musavuli, Consultant de l’OMS au Bureau régional en matière de lutte anti-tabac, Dr Benjamin Ofosu Koranteng (Bureau régional PNUD, à Addis-Abeba) etc. Y ont pris également une part active, des membres des Bureaux Pays (OMS, PNUD, UNFPA, UNICEF, PAM etc.) et des représentants de la société civile.

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Pour des informations supplémentaires, veuillez contacter :

Dr Adolphe NKONGOLO, Point focal, Maladies Non Transmissibles (MNT), OMS RDC ;  nkongoloa [at] who.int  

Eugene KABAMBI, Chargé de Communications, OMS RDC ;  kabambie [at] who.int

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Ci-dessous:

01. Photo des membres de la Task Force interagence avec le SG Dr Mukengashay Kupa

02. Atelier sur la taxation des produits du Tabac

03. Audience au Ministère du Genre, Famille & Enfant

04. Audience avec le Président de l'assemblée nationale, Hon. Aubin Minaku

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